Le 7 mai 2017 à 20 heures, nous connaîtrons officiellement le nom du nouveau Président de la république pour les cinq prochaines années.
Sa tâche ne sera pas simple après un tel désamour pour la classe politique. Plus grave encore, le magazine « L’étudiant » nous informe que 45% des jeunes n’ont pas l’intention de se rendre aux urnes malgré un nombre de postulants qui risque de battre le record de 2002 qui était de 16 candidats.
Aujourd’hui sans doute, dans l’inconscient collectif, la politique n’est plus synonyme d’honneur, de conviction, de don de soi, de noblesse, mais de magouilles, de langue de bois, de copinages, de trahisons, d’intérêts personnels, de déni de la réalité. Les politiques ont oublié que faire de la politique n’est pas avant tout se faire élire, mais de s’occuper du quotidien et tout faire pour l’améliorer. Michel Rocard n’a-t-il pas déclaré que s’occuper des ascenseurs, c’est aussi faire de la politique ?
Aujourd’hui, la politique est-elle devenue un métier bien rémunéré, une caste réservée aux élites des partis, un business, une usine à fabriquer des mécontents ? Pour preuve, une simple déclaration suffit : « l’indemnité »était méritée eu égard aux diplômes, mais combien de diplômés travaillent pour à peine le SMIC et combien d’autres recherchent du travail.
Ne jugeons pas, mais ce déni de la réalité nous interroge et risque d’éloigner la mobilisation des jeunes pour leur avenir, ce que je ne souhaite pas. Oui vraiment, nous allons vivre une élection qui risque de ne ressembler à aucune autre dans notre histoire avec une interrogation quant à une majorité à trouver lors des législatives.
Rappelons que le mandat que reçoit le candidat n’est pas un chèque en blanc mais une obligation de le partager. Qui en prendra l’engagement demain ? Trop promettre et ne pas tenir, c’est assurément décevoir. De tout temps, il y a le souhaitable et le possible. Le souhaitable appartient pour partie aux rêves, le possible à l’économie et à la volonté. Demain le Président de la république, quel qu’il soit, aura l’obligation de nous faire partager un avenir commun dans la sécurité, la liberté, la justice. Il devra oser faire partager le progrès et ne laisser personne au bord de la route. La France est un beau et grand pays et il n’y a pas deux France, celle d’en haut et celle d’en bas.
Aujourd’hui le climat délétère des affaires à répétition, transformées en feuilleton, de la droite et de la gauche nous interroge et perturbe nos convictions. Aussi il serait sage que les citoyens de base se réapproprient, dans la simplicité et dans l’intérêt de tous, l’ensemble des pratiques, des faits et des institutions.
Il faut redescendre sur terre, ouvrir les yeux et sans doute crever la bulle, mais pour agir sur notre avenir, les 23 avril et 7 mai, nous devons aller voter, pour, contre, le moins pire, car n’oublions pas que le droit de vote n’est jamais acquis définitivement et que certains pays en rêvent encore. Il est bon de rappeler qu’au XIXe siècle, le droit de vote était censitaire, seuls les plus aisés avaient le droit de voter.
Pour la démocratie, ne faisons pas machine arrière car aujourd’hui la grande majorité des Français ressentent l’impression que les puissants s’exonèrent des règles communes, à tort ou à raison.
Bonne lecture du numéro 74.
Patrick Desingly, Président.