Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Des pubs pas comme les autres...

Quand les artistes témoignaient pour la pastille.

   par John Jussy



A la fin du XIXe siècle, des artistes de renommée vantaient dans une publicité les qualités de la pastille Géraudel fabriquée à Sainte-Ménehould. Ces artistes qui prêtaient leur nom pour des publicités étaient-ils de grands artistes ? Souvenirs artistiques d’une autre époque.

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Arthur Géraudel, pharmacien ménéhildien, avait créé une pastille contre la toux qui lui donna notoriété et fortune.
Géraudel était un homme d’affaires avisé mais aussi un roi de la publicité ; on retrouve ses dessins, ses poèmes, ses chansons, parfois comiques, parfois osées, dans les journaux de l’époque. Géraudel vante sa pastille, meilleure que celle des concurrents, et n’hésite pas à écrire que « plus de cinq cent mille personnes sont guéries chaque année grâce à sa pastille ».
Une de ces publicités est passée dans le numéro du dimanche 20 novembre 1887 du « Journal Illustré », une page entière avec les témoignages souvent en forme de remerciements d’artistes de l’époque. La page bien composée présente six artistes connus de toute l’Europe, avec le texte et surtout la signature, et pour cinq d’entre eux la photo.
Le message est clair : les artistes, chanteurs ou comédiens, ont besoin de leur voix, et la pastille Géraudel les a guéris ou a aidé leurs cordes vocales en difficulté. Il y a même M. Paulus qui prend à table du vin « du clos Paulus » et au théâtre des pastilles Géraudel vin et pastilles, c’est son secret.

Paulus, on connaît peut-être ce personnage, grande vedette de café concert, 30 ans de carrière, créateur de plus de 2500 chansons. De son vrai nom Jean Paul Habans, Paulus avait 42 ans en 1887. Une de ses chansons nous est restée, enregistrée bien plus tard par Bourvil ou Guy Béart : « En revenant d’la revue ». En 1886, Paulus chante à L’Eldorado. L’artiste connut aussi un grand succès quand, chantant cette chanson un 14 juillet, il changea les paroles « moi je ne fais qu’admirer tous nos braves troupiers » en « moi je ne fais qu’admirer not’brave général Boulanger ». Le général Boulanger, ministre de la guerre de 1866 à 1887, était très populaire et nommé le général de la revanche. La chanson devint l’hymne du Boulangisme.

Une autre vedette sollicitée par Arthur Géraudel : Sarah Bernhardt, de son vrai nom Rosine Bernard, comédienne, créatrice, surnommée la divine. La comédienne à la diction emphatique se produisait, fait rare à l’époque, sur les cinq continents. Elle a 43 ans quand elle signe pour la publicité des pastilles. A ce moment, elle était partie en Amérique pour rencontrer Thomas Edison en enregistrer une lecture de Phèdre sur la nouvelle invention : le phonographe.

Deux autres artistes ont laissé leur nom dans l’Histoire : Jeanne Granier, chanteuse d’opérette et comédienne, qui a chanté à l’époque dans « Notre Dame de Paris », et Benoit Constant Coquelin, dit Coquelin aîné pour le différencier de son frère Ernest, comédien qui fut très connu pour son rôle de Cyrano de Bergerac.

Alors comment notre pharmacien de Menou pouvait avoir le concours de si grandes vedettes pour ses publicités ? Auguste Géraudel s’était assuré les services d’Adolphe Willette, un des plus grands dessinateurs caricaturiste de l’époque, pour illustrer sa chanson des « Belles promeneuses d’hiver »(notre n°61).
Géraudel s’était-il fait des relations quand il effectuait ses études pharmaceutiques à Paris pour devenir en 1868 pharmacien de 1ère classe ? On sait aussi que l’inauguration du parc de l’Alléval se faisait avec la présence d’artistes de la comédie française. On donnait là de grandes fêtes, certaines nocturnes avec des feux d’artifice.
Laissons le mot de la fin à MM. Berdold, Stupp et Dubois dans leur livret « Géraudel » pour parler de la vie d’Auguste Géraudel : « Une existence simple, faite de labeur et de bonté, vécue par un homme honnête venu du peuple ». John Jussy

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