Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La prison de Sainte Ménehould après la révolution.

   par Jean-Claude Léger



Le 11 décembre 1791 on fait un état des aménagements utiles pour devenir une maison d’arrêt, on voit le montage de lambris en chêne pour éviter les dégradations des murs pour facilité les fuites, le long du mur donnant sur la rue de la porte d’entrée. Le couchage est prévu pour 13 lits composés chacun d’une couchette, d’une paillasse, d’un matelas et d’une couverture. La chambre du grand commun a un grand besoin de plusieurs restaurations, mais en premier lieu c’est l’âtre et le contrecœur de la cheminée dont la majeure partie est dégradé, doit faire l’objet d’une totale reconstruction. Le Directoire du département autorise provisoirement à procéder à l’adjudication des travaux de réparations à faire aux chambres, mais fait sursis à l’adjudication des couchettes, paillasses, matelas et couvertures jusqu’à nouvelle décision. Nous verrons qu’en septembre 1795 le couchage se faisait encore sur la paille.
Le Directoire du département de la Marne en date du 6 février 1793 nommera le citoyen Jean Kuecht dit Vallet concierge des prisons de la maison de justice du tribunal criminel de Châlons. Un nouveau concierge de la prison de Sainte Menehould sera proposé dès le 13 mars 1793. L’assemblée du conseil municipal présidée par le citoyen Farcy, maire, présentera le citoyen Jean-Baptiste Huchard ancien de la garde française, l’un des vainqueurs de la Bastille, au Directoire du département de la Marne pour être agréé s’il le juge à propos en qualité de concierge de la maison de la ville. Le citoyen Huchard sera le nouveau concierge de la prison.
La commission des administrations civiles, police et tribunaux s’inquiète sur l’état, la salubrité, la solidité et le régime des maisons d’arrêt de justice et détention. La maison d’arrêt de Sainte Menehould est la seule pour le district, elle reçoit indistinctement toutes les personnes arrêtées et détenues civiles ou militaires. Selon les dires de la municipalité, recueillis le 25 septembre 1795, les bâtiments sont suffisamment vaste pour contenir 200 personnes, la superficie est évaluée à 132 toises carrées soit environ 500 m², promiscuité tu nous rassembles, un carré de 1,6 m de côté par prisonnier, c’est très peu. Il me semble qu’heureusement la « loi du maximum » du 29 septembre 1793 imposant un prix maximum pour les denrées de première nécessité, n’a pas été élargie à tout et à m’importe quoi, sinon debout le nombre des prisonniers aurait pu être le quadruple. Mais la réalité est loin de la concentration, dans les circonstances ordinaires le nombre des individus incarcérés n’atteint que très rarement 12 à 15 personnes. Le concierge respecte les convenances et les bonnes mœurs, des chambres séparées pour les deux sexes mais sans distinction d’âge. Une chambre avec une cheminée est réservée pour d’infirmerie, lesmalades sont traités par les officiers de santé de la maison de secours et les remèdes sont fournis selon les ordonnances. Les conditions de vie dans l’établissement sont encore très simples pour l’époque, le couchage reste la paille sans couchette à même le sol, la nourriture donnée aux détenus aux dépens de la Nation se compose uniquement de pain, deux livres pour les civils, les militaires n’ont que la livre et demie. Les militaires incarcérés sont tous des déserteurs, à croire que le principe de la double peine ne date pas d’aujourd’hui. Les prisonniers sont vêtus de leurs effets personnels la prison ne disposant pas d’un magasin affecté à leurs vêtements, le séjour étant relativement court la tenue de condamné ne devait pas s’imposer. La municipalité considère comme très important de visiter deux fois par décade l’établissement pénitentiaire et d’en rendre compte régulièrement au Directoire seulement une fois par décade. Les trois derniers mois de l’an 4 de la République ( du 19 juin au 16 septembre 1795) sont le passage d’un très grand nombre de prisonniers militaires. La guerre avec la Prusse suscite des désertions dans les deux camps, 589 journées de détention pour 115 soldats seront inscrits sur le registre d’écrous de la maison d’arrêt de Sainte Menehould. Au cours du mois de vendémiaire an 4, la population de la prison se distingue en deux catégories, c’est la fin des prisonniers militaires et l’arrivée des prisonniers criminels et civils. Cette nouvelle ère sera celle des prévenus de vol, de troubler l’ordre public, de vagabondage, de circuler sans passeport, en vertu d’un mandat d’arrêt ainsi que quatre compères y seront conduits pour avoir enlevé des grains sur la place du marché et un pour avoir caché des déserteurs français. Nous sommes arrivés au Directoire qui va gouverner la France à partir du 26 octobre 1795 nous n’en saurons pas plus sur la suite d’une partie de l’histoire de la prison de Sainte Ménehould. [1]


Ces trois coqs sculptés dans la gaize sont visibles sur le mur de la prison.

 
Sources écrites Archives Départementales de la Marne Série L.

Notes

[1M.Emile Baillon a écrit « la prison fut détruite vers 1790-1800 ».

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