Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La Poste 4 suite et fin.

La poste de Menou a encore des choses à dire.

   par Dominique Delacour



Une façon de voir la poste depuis ses débuts sans oublier les bons moments.


L’ambiance à la poste a suivi l’évolution de la société. Par exemple, les premières tournées à pied et en vélo d’autrefois sont pénibles et pas faciles tous les jours, notamment en raison de la météo. C’est une époque où le courrier est distribué en entrant dans les maisons, ce qui favorise les rencontres. Les contacts humains sont forcément nombreux. Cela encourage les services rendus de part et d’autre, tellement utiles, voire indispensables ces années-là.
L’automobile est un gros progrès pour les facteurs. Ensuite les cidex sont apparus dans la moitié des villages de l’arrondissement avec un avantage pour la distribution du courrier. Mais ces progrès ont fait reculer les contacts humains. Parfois quelques personnes ne connaissent pas leur facteur, et ainsi elles ratent le sacro-saint calendrier de fin d’année, tellement attendu aussi bien par les facteurs que par les usagers.
Mais rassurez-vous. On a certes perdu un peu de cette chaleur humaine avec en prime des règlements de plus en plus stricts ainsi que les services tout juste tolérés, mais les postulants à ce beau métier, exigeant, demandant beaucoup de qualités, sont souvent des personnes au contact très facile. Ce métier est d’ailleurs l’un des préférés des Français.
Le mieux est de laisser un facteur ayant pris sa retraite récemment s’exprimer dans un article du journal local :
« J’ai été attiré par le côté relationnel et l’autonomie qu’offre cette profession. Les plus beaux souvenirs sont les contacts avec les gens qui m’ont rendu heureux, fier d’être facteur pendant 36 ans. J’ai travaillé avec bonheur et avec une très bonne ambiance entre collègues. Et d’ajouter quelques anecdotes savoureuses qu’il a vécues dans ses années de facteur. »

Givry-en-Argonne a été bureau de poste, de tri et de diffusion de courrier de 1847 à 2006 puis banque postale jusqu’en 2017 et c’est la fin. Ce cliché de 1990 représente un départ à la retraite. Ea s’arrose au bureau de Givry, au complet, n’est-ce pas Elisabeth ?
Pour les 5 tournées de Givry, il y a 2 factrices, 4 facteurs plus 1 receveur, 2 guichetières et 1 femme de ménage. A la même date, il y a 7 tournées au bureau de Menou.



Anecdotes sur les services rendus



Voici un petit résumé des innombrables services rendus à des époques où il faut souvent se débrouiller car les conditions sont parfois difficiles, surtout en ce qui concerne les déplacements de personnes éloignées des villes et sans moyens adéquats.
Des anecdotes, parfois étonnantes, ont été recueillies auprès d’anciens facteurs et également d’autres encore en activité.

- Un facteur, habitué à remettre debout un grand-père esseulé qui tombe facilement, a décidé de rentrer chez lui tous les jours pour intervenir si besoin.
- Une factrice voit souvent le médecin chez une grand-mère habitant un village et sans moyen de locomotion. Quand il se trouve chez elle, elle change le sens de sa tournée pour être là à son départ et prendre l’ordonnance afin de rapporter les médicaments le lendemain.
- Au cours de sa tournée, un facteur, bon bricoleur, a dépanné un paysan en ressoudant une pièce de sa charrue avant la pluie annoncée pour le soir.
Il y a même des cas où une personne d’un lieu isolé, s’abonne à un journal simplement pour avoir une présence quotidienne le plus souvent possible.

Les services les plus demandés par les usagers concernent, pour la plupart d’entre eux, des produits de toute sorte à ramener de Menou. Inutile de faire la liste de tout ce qu’on a entendu, il y a de grosses surprises du genre « jarretière » !
Parmi les produits les plus demandés, il y a des gagnants qui écrasent la concurrence. Ce sont évidemment les médicaments, surtout à une époque où les moyens de locomotion sont restreints ou difficiles pour les personnes d’un certain âge.
Mais heureusement, les services rendus se font aussi dans l’autre sens, en particulier lors de périodes difficiles comme pendant la seconde guerre mondiale.
A cette époque de restrictions, dans les villages, les paysans et autres ruraux élèvent cochons, lapins, volailles et les jardins et vergers fournissent légumes et fruits. Alors certains sont heureux de pouvoir être utiles et généreux à leur tour.
De plus, une tradition qui a perduré jusqu’à la fin des années 1960, consiste à donner, lors du sacrifice du cochon qui assure la consommation annuelle de la famille, aux voisins, à l’instituteur, au curé, à des amis et à d’autres comme au facteur, soit du boudin, de l’andouille, du foie, du lard.
La générosité fonctionne dans les deux sens. Et cela a continué, mais en baisse, à la vitesse de l’amélioration des conditions de vie qui favorise le repli sur soi-même sans même s’en rendre compte.

Ces clichés dévoilent leurs secrets




Ce cliché est un condensé de la vie de tous les jours : d’abord c’est utile d’avoir les pieds sur terre alors que les pensées sont ailleurs et souvent haut perchées.
En passant de l’un à l’autre, on est rattrapé par la routine du quotidien. Ici une de ses composantes c’est la poste pour les besoins de la communication.



Cette photo prise en 1991, en un lieu situé près de la ferme de la Basse à Sivry-Ante, nous fait réfléchir. Elle est toute simple mais chargée d’énigmes . Elle nous fait un peu froid dans le dos et même ailleurs.
- Où est le conducteur ?
- La circulation est-elle encore possible ?
- Le courrier a-t-il été distribué ?
- Le véhicule est-il resté longtemps ?
On aurait bien voulu en savoir davantage



C’est une carte postale ancienne au contenu original.
Voici un facteur en 1910, livrant le courrier au couvreur sur le toit de l’église de Poix. Ce village se situe près d’Herpont, donc voisin des « voisins de l’Argonne ».
A cette époque, le facteur se déplace à pied ou en vélo. Pour soigner sa forme physique, un aller-retour sur l’échelle lui apporte un plus !!!



Les bureaux de poste dans l’arrondissement de Menou



En 1830, création du service postal dans toute la France. Sainte-Ménehould a son bureau de poste à cette date.
Dans notre secteur, il y a eu jusqu’à 15 bureaux avant 1940. A partir des années 1960, on assiste à un regroupement des bureaux et à l’arrêt d’activité, les uns après les autres pour en arriver aujourd’hui à un seul bureau de poste à Menou pour la diffusion du courrier.
Trouver ces 15 bureaux a été difficile. Pour certains, on a la date exacte de création. Pour les dates d’arrêt d’activité, ce fut impossible pour la plupart d’entre eux car certains se retrouvent regroupés, d’autres sont devenus banques postales et les derniers fermés définitivement. Voici ces 15 bureaux sans date d’arrêt, avec celle du début pour quelques-uns et pour les autres ils sont attestés à la date indiquée.

Situation Début
1- Sainte-Ménehould 1830, encore en service à ce jour.
2- Ville -sur-Tourbe 1843
3- Givry-en-Argonne1847 1847
4- Vienne-le-Château 1847
5- Auve 1848
6- Verrières 1895
Et ceux attestés à une date :  
7- Sommepy en 1851
8- La Neuville-au-Pont en 1889
9- Dommartin-sur-Yèvre en 1889
10- Valmy en 1893
11- Passavant en 1897
12- Vienne-la-Ville en 1897
13- Florent en 1905
14- Dampierre-le-Château en 1909
15- Le Vieil Dampierre en 1926


Pour clore cet épisode postal, une rencontre a été envisagée en octobre dans le but de réunir les anciens facteurs, ceux en « poste » actuellement avec le responsable du bureau, David Souchère, lors de l’assemblée générale de l’association « Ste Menou et ses voisins d’Argonne ».
Mais tout cela est tombé à l’eau. Pourquoi ? Connaissez-vous un petit con dénommé « Coronavirus » ? Eh bien il s’est permis de perturber ces projets sans même avoir la politesse de s’excuser !
A son actif il a réussi à faire annuler la rencontre prévue et espérée et de plus, il a empêché la réalisation d’une photo de groupe des factrices et facteurs en poste aujourd’hui. On ne lui pardonnera jamais et on fera tout pour avoir le dernier mot !

Des remerciements et des idées pour l’avenir de la poste



Les articles sur la Poste s’achèvent. N’oublions surtout pas de remercier celles et ceux qui ont participé de différentes façons à mettre noir sur blanc les multiples facettes du métier de la poste dans notre arrondissement.
Dans l’ensemble ils ont été ravis, surtout les anciens, de raconter leurs exploits avec des anecdotes savoureuses. De plus, des clichés anciens et plus récents sont sortis d’albums, certains y retrouvant leurs jeunes années. N’oublions pas le club de photos ménéhildien avec son responsable Max Chaffaut qui ont réalisé 4 superbes photos.

L’avenir autrement

Proposons une toute autre façon de penser l’avenir : Et si le 21e siècle prenait dès lors un virage à 180° avec le printemps, les fleurs, les petits oiseaux, l’amour de retour pour le quotidien de la poste et de la vie de tous les jours.
Vous voyez, tout est possible, surtout en rêvant





Que peut nous réserver la poste dans l’avenir ? Une première approche consiste à relire l’article de « L’Union » à la date du 1er avril 2019, à propos de la poste. Un encart nous annonce une info-choc : « La distribution du courrier va changer dès demain. Elle se fera par un drone. » L’évolution est vraiment inattendue. Quelques pages plus loin, ne nous laissant pas deviner l’énigme de ce jour particulier, le journal nous remet les pieds sur terre en y ajoutant les inconvénients de ce mode de distribution : le lieu, le vent, la pluie
C’est peut-être une piste pour se faire une idée de l’avenir de la poste avec les moyens ultra-performants et efficaces échafaudés par les géants du net (GAFA) avec un froid réalisme qui peut faire peur.
Dominique Delacour

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Association déclarée le 06 février 1998
Siège social : Hôtel de ville
B.P. 97- 51801 Sainte-Ménehould