Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les Argonnais aux vendanges en 1900.

Adaptation John Jussy



Les vendanges… les Argonnais y sont toujours allés et y vont toujours. Luc Delemotte, notre dessinateur, a déniché un document qui raconte cet « exode » des Argonnais aux vendanges ; c’est dans le numéro du « Vigneron Champenois » de décembre… 1900. Les Argonnais allaient à l’époque chez Moët et Chandon à Ay. Rappelons que cette maison de champagne propose la cuvée « Dom Pérignon ».
Et, cocorico, les travailleurs d’Argonne sont dits « sobres, honnêtes et laborieux ».
« Depuis un siècle, les gens de Futeau, de Verrières, des Islettes et autres lieux circonvoisins viennent faire les vendanges pour nos grandes maisons qui les retiennent à l’avance et les avertissent quand le moment est venu de faire la cueillette. La maison Moët et Chandon est une des premières qui eut la pensée d’occuper ces braves gens, qui sont sobres, honnêtes et laborieux. C’est qu’on connait les Moët et Chandon à Futeau et à Verrières !!! »

Les Argonnais partaient dans des voitures tirées par des chevaux et, fait étonnant, c’est la famille entière qui partait, papa, maman, les enfants, les grands-parents… Ceux des Islettes prenaient le train, la voie ferrée étant arrivée à Sainte-Ménehould en 1887 et en Meuse dans les années suivantes.

"Chaque année, quand le moment est venu, la Maison donne avis aux anciens du jour et de l’heure auxquels ils devront se rendre à leur poste. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre, de Futeau à Verrières et aux Islettes en passant par les écarts, et au jour dit, les vendangeurs accompagnés de leurs femmes et de leurs rejetons arrivent par milliers à l’endroit indiqué.
Une longue distance les en sépare pourtant. Il leur faut traverser tout le département de la Marne, de l’est à l’ouest, pour arriver à destination, car, sauf quelques « farauds » des Islettes qui prennent la voie ferrée, les gens de Futeau et de Verrières suivent la tradition de leurs pères et viennent dans de grandes voitures, attelées de mulets et de chevaux. Dans ces voitures sont cloués des bancs le long de ridelles, ainsi qu’en avant et en arrière ; arrangées de cette façon, elles peuvent contenir 20 à 25 personnes. Dans ces voitures prennent place les femmes, les jeunes filles, les garçonnets et les fillettes. Les hommes font une partie du chemin à pied, près de leurs chevaux qu’ils conduisent gravement ; les chefs de familles se tiennent à gauche des chevaux, le fouet passé autour du col de leurs longues blouses bleues ornées de passementeries blanches ; les gars se dandinent en chantant, cherchant à se faire remarquer des jolies filles qui sont dans les voitures.
"

Les Argonnais allaient chaque année aux vendanges et les anciens ont connu Jean-Rémy Moët. La maison a été fondée en 1743 par Claude Moët. Jean-Rémy Moët était son petit-fils et en 1833 la maison, avec son gendre Pierre-Gabriel Chandon, devint Moët et Chandon. Le brave homme est mort en 1841.
Suit une description des dortoirs : cela semble bien rudimentaire, avec entre autres des bottes de paille.

"À l’arrivée à Ay, les vendangeurs sont reçus par les chefs de service de la Maison Chandon.
Pendant que les hommes s’occupent des chevaux et remisent les voitures, les femmes et les enfants sont conduits dans les dortoirs qui leur sont destinés.
Ces dortoirs sont d’immenses greniers divisés en deux parties dans la longueur par de hautes cloisons en bois. Au bas de ces cloisons et le long des murs, des planches disposées en plan incliné sont garnies de bottes de paille, et à la tête de ces châlis, une planche qui règne sur toute la longueur permet aux vendangeurs de déposer leurs sacs qui contiennent du linge de rechange et des objets de toilette ; une allée ménagée au milieu permet la circulation.

Quand les vendangeurs prennent possession de leurs dortoirs, ils se précipitent avec une impétuosité sans exemple. Ce ne sont pendant une demi-heure que cris, appels, discussions animées entre les anciens et les nouveaux qui « chipent » les meilleures places convoitées en imagination depuis la veille par les vétérans ; ce sont des familles entières qui, après s’être installées, aperçoivent des amis à l’autre extrémité et s’emparent à la hâte de leurs frusques pour aller les retrouver, bousculant tout sur leur passage ; des mamans qui cherchent leurs filles, lesquelles voudraient bien rester ensemble pour rire un peu avec les gars qui les ont suivies sous le prétexte de les aider à s’installer."

Adaptation John Jussy

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