Les mères et grands-mères portaient un tablier pour protéger leur robe. C’était son principal usage, mais pas que cela :
- Il servait de gant pour retirer un plat brûlant du four bien avant l’invention « des mitaines à fourneau ».
- Il était merveilleux pour essuyer les larmes des enfants et, à certaines occasions, pour nettoyer les frimousses sales.
- Depuis le poulailler, le tablier servait à transporter les œufs, les poussins à réanimer et parfois les œufs à moitié éclos que maman disposait dans un fourneau tiède afin de faciliter leur éclosion.
- Quand il y avait de la visite, le tablier servait d’abri aux enfants timides. D’où l’expression : se cacher dans les jupons de sa mère.
- Par temps frais, maman le relevait pour s’emmitoufler les bras et les épaules ; par temps chaud, alors qu’elle cuisinait devant le poêle à bois, elle y épongeait la sueur de son front.
- Ce bon vieux tablier faisait aussi office de soufflet, alors qu’elle l’agitait au-dessus du feu de bois pour le réanimer.
- C’est lui qui servait à transbahuter pommes de terre et bois sec jusque dans la cuisine.
- Depuis le potager, il servait de panier pour de nombreux légumes. Après la récolte des petits pois, venait celle des choux.
- En fin de saison, il était utilisé pour ramasser les pommes tombées de l’arbre.
Quand des visiteurs arrivaient à l’improviste, c’était surprenant de voir avec quelle rapidi-té ce vieux tablier pouvait faire la poussière.
- A l’heure du repas, grand-mère allait sur le perron agiter son tablier, c’était signe que le dîner était prêt, et les hommes aux champs savaient qu’ils devaient passer à table.
- Grand-mère l’utilisait aussi pour sortir la tarte du four et la poser sur le rebord de la fe-nêtre pour qu’elle refroidisse.
Il faudra de bien longues années avant que quelqu’un invente un vêtement qui puisse riva-liser avec ce bon vieux tablier utile à tant de choses.
On deviendrait bien fou aujourd’hui rien que de penser au nombre de microbes qui pouvaient s’accumuler sur le tablier en une seule journée ! En réalité, la seule chose que les enfants de l’époque aient attrapée au contact du tablier de grand-mère, c’est de l’amour !
En Argonne, la « bannette » était le mot patois utilisé pour parler du tablier. Ce texte n’est pas signé, mais il rappellera plein de souvenirs à ceux qui habitaient à la campagne ou qui y venaient en vacances.
Nicole Gérardot