Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Promenades et Randonnées « Les gorges d’Argonne ».

   par Jean-Louis Le Hingrat



Nous concluons cette série d’articles sur les chemins « Promenades et Randonnées » d’Argonne champenoise avec le PR11 « les gorges d’Argonne ». Le lieu de départ est à Passavant-en-Argonne à l’extrémité sud du massif d’Argonne. Le parcours est long de 17 km avec un dénivelé positif de 400 m. L’environnement est essentiellement forestier en forêt domaniale de Beaulieu. Nous partons de l’église de l’Exaltation de la Sainte Croix reconstruite en 1750 et prenons la route menant au cimetière, puis au bas de la côté Collet. Jouxtant le cimetière, se dresse la sépulture collective de 32 des 49 Mobiles exécutés le 25 août 1870 par les Prussiens. Le monument aux morts rappelant cet évènement tragique se situe à la sortie du village sur la D68 en direction de Grigny.


Rapidement, notre progression vient buter sur le massif argonnais composé de gaize. Comme le rappelle le panneau d’informations dans le village, c’est une roche issue de dépôts maritimes il y a 100 millions d’années et donc avec la possibilité d’observer des fossiles. Derrière cette apparence d’une côte régulière, il se cache un relief complexe façonné par le travail d’érosion entre la gaize et l’eau.

De nombreuses et profondes gorges entaillent le massif et rendent la progression difficile. Dans ces gouttières naturelles s’écoulent des rus rejoignant la vallée de l’Aisne. Ils sont issus de sources nichées au bas de côtes dénommées « fontaine », à l’exemple de celles des Fées, du Hochequeue, du Nid de Coupe, de la Vauzée (photo ci-contre) ou reprennent le nom éponyme du vallon.

Curieusement, au bout d’un kilomètre et après avoir pris pied sur la côte Collet à 225 m d’altitude, nous sommes sur le finage de Beaulieu-en-Argonne et le restons en partie durant cette randonnée. En effet, une langue de terre d’Argonne meusienne allant jusqu’à la rive droite de l’Aisne en face de Villers-en-Argonne, nous sépare du finage de Châtrices. Sa largeur la plus étroite est d’environ 100 m le long de l’Aisne.


Le chemin sinue en lacets entre la côte Collet et le Plat des Demoiselles avec pour point bas la jonction entre les gorges du Cuvelet et du Neufour. En aval, se niche la chaîne d’étangs de Châtrices. Au Moyen-Âge, l’évasement de ces gorges avec leurs fonds plats, leurs dépôts argileux et leur alimentation par des sources ont permis aux moines d’aménager des étangs et de pratiquer la pisciculture.



Le chemin franchit une crête étroite formée par le Plat des Demoiselles et la Grande Keskomme. Puis, il descend immédiatement dans le vallon de Longeval et remonte dans la foulée pour dominer un instant, les étangs Neuf, de la Grande Carpière et de Gilet de Rin. Nous répétons cette succession de descente et de montée pour traverser la Petite et la Grande Vallée. La suite du parcours est plus calme et plus régulière en dénivelé.









Après une longue ligne droite en direction du nord-est, nous arrivons au bord de la vallée de la Biesme. A proximité, se situe l’arbre du Roi de Rome. Ce chêne est planté en 1811 pour célébrer la naissance du fils héritier de Napoléon Ier. Au sujet de cette plantation d’arbre commémorant cette naissance, une circulaire administrative n° 483 du 23 mars 1811 est même éditée, ainsi des bouquets d’arbres plantés prendront le nom de « jardin du Roi de Rome » ou « berceau du Roi de Rome » [1]. Cet arbre est visiblement atteint d’une descente de cime (dessèchement des branches hautes du houppier) .

Le retour vers Passavant-en-Argonne s’effectue en longeant les hauteurs de la Vallée de la Biesme. La route forestière rectiligne de la « la Haute Chevauchée » (à ne pas confondre avec la ligne de crête séparant les vallées de la Biesme et de l’Aire) nous amène à la tranchée et à la gorge de la Bancelette qui s’ouvrent sur la vallée de l’Aisne.





Des hauteurs de la gorge de Bancelette, à la faveur d’une coupe de bois, nous profitons d’un aperçu pour apprécier ces gorges profondes aux pentes raides.
En descendant de la côte Collet, portons un regard sur Passavant-en-Argonne et sur la vaste plaine de l’Aisne où subsistent quelques vergers résiduels. Comme le montre la photo aérienne sur Géoportail, ces terrains étaient encore dans la période des années 1950 à 1965, plantés de vergers de la mi-côte jusqu’au fossé marquant le talweg. Une vigne de quelques ares s’accroche encore à la pente. Au sujet du vignoble argonnais, Jeannine Cappy note : « Au début du vingtième siècle, Passavant avait encore 15 hectares de vignes. A Passavant, on a vendangé jusqu’aux années 1920-1930. »
 [2]



Les gorges de l’Argonne deviennent un terrain apprécié des traileurs. Le 11 septembre 2022 a eu lieu la 3 ème édition du Trail des gorges d’Argonne.

De cette série d’articles sur les chemins « Grandes Randonnées » et « Promenades et Randonnée », nous retiendrons la diversité paysagère de l’Argonne champenoise. C’est également la richesse historique des lieux traversés, notamment celle de l’histoire locale. Le plus marquant est sans doute la biodiversité observée donnant tout son charme et un cadre de vie agréable à l’Argonne champenoise.

Jean-Louis Le Hingrat

Notes

[1Bibliographie
Jean Gadant, Les arbres du souvenir et de la Liberté, p. 443

[2Jeannine Cappy, Heurs et malheurs du vignoble argonnais, La Rubrique de Jeannine Cappy, dimanche 19 octobre 2003

- Site Web : Circuit des Gorges de l’Argonne : cliquez ici"

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