Châtrices est un charmant village, entre Verrières et Villers à environ 8 Km de Sainte-Ménehould à l’orée du massif forestier d’Argonne et sur la rive gauche de l’Aisne. Les randonneurs connaissent bien le village car ils sont nombreux à emprunter les circuits tracés dans la magnifique forêt domaniale couverte de hêtres et de chênes magnifiques et constellée d’étangs.
Châtrices est aussi connu des amoureux d’histoire de France. Au c°ur du village s’élevait « Notre Dame de Châtrices » une abbaye de l’ordre de Saint Augustin construite au XIIe siècle et qui connut son apogée au XVIe siècle. Le roi François Ier s’y rendit le 17 août 1535. Abbaye qui fut complètement détruite au moment de la Révolution et dont il ne reste malheureusement aucun vestige.
Châtrices ne compte que 39 habitants, mais il a la particularité d’avoir un territoire très étendu : les fermes de la Hotte, des Mares, de Failly, de Vernaux, le hameau du bois des Chambres font partie du village. Une quinzaine de personnes seulement habitent donc le village lui-même. Le village a une toute petite mairie, récemment rénovée et inaugurée par le nouveau maire Jean Notat, mais pas d’église. Une autre particularité de Châtrices, c’est de posséder l’église de Villers à raison de
3/5ème.
Mais pour moi, Châtrices n’est plus tout à fait Châtrices. Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus d’oies.
En effet, autrefois, quand on entrait dans le village, on était accueilli ( le verbe accueillir ne convient d’ailleurs pas, ne dit-on pas accueilli avec le sourire, accueilli à bras ouverts), le verbe agresser convient mieux. On était donc agressé par des oies qui du plus loin qu’elles vous voyaient, venaient vers nous en se dandinant, le cou tendu, l’œil méchant, le bec grand ouvert, cacardant toutes d’une manière impressionnante !
Il fallait être assez téméraire pour ne pas prendre les jambes à son cou !
Quand je dis qu’il n’y a plus d’oies à Châtrices, ce n’est pas tout à fait exact, car jusqu’au mois d’octobre l’an dernier, il en restait une chez Mme Champion.
Cette oie avait 15 ou16 ans et lui tenait compagnie comme un chien. Elle la suivait partout, ne s’éloignait jamais de la maison. Dès qu’elle entendait le klaxon de la voiture de la boulangère, elle venait lui annoncer l’arrivée de la commerçante. Il est inutile de vous dire que cette oie n’a pas fini dans la cocotte.