Quand vous irez au village, |
De grands tas de pierres blanches, |
Un jour de demain, |
Luisent au soleil. |
Ne cherchez pas son image |
Une senteur de fumée |
Le long du chemin. |
Pend aux murs crevés ; |
Ne guettez pas dans la rue |
L’été met des graminées |
Le geste amical |
Entre les pavés. |
Fait à l’âme revenue |
Des fils de fer et de ronces |
Par un toit natal |
Se mêlent, tordus ; |
Ne guettez pas sur la porte |
A chaque pas on enfonce |
Un signe chéri ; |
Dans des trous d’obus. |
Pleurez : la bourgade est morte |
Tout ce qui rendait si tendre |
La maison aussi. |
Votre intérieur |
La maison rouge et rustique |
Est là, broyé sous la cendre, |
Où vous êtes né |
Sans forme et couleur. |
N’est plus qu’un amas de briques |
Vous irez dans les décombres, |
Au tas calciné. |
Cœur bouleversé, |
Les murs ont crevé la voûte |
Cherchant, mais en vain, les ombres |
De la cave au vin, |
D’un jeune passé. |
La façade est sur la route, |
Insultant votre mémoire, |
Le toit au jardin. |
Au mur qui se fend |
Dans le carré de framboises |
Vous ne lirez plus l’histoire |
Et de groseilliers |
D’un petit enfant. |
Il y a des tas d’ardoises |
Allez-vous-en sur la route ; |
Et de fers rouillés. |
Ne revenez plus ici ; |
Des rideaux flottent aux branches, |
La maison est morte, toute, |
Aux crêpes pareils ; |
Votre enfance est morte aussi. |