Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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L’ARGONNE DANS LA SECONDE GUERRE MONDIALE souvenirs de Marc HUSSENET (suite)



---------Il me confie une lampe de poche et nous commençons par la cave de Monsieur COUSINAT. La maison est détruite, mais l’entrée de la cave possible. « Je passe devant » me dit-il, le revolver à la main. « Tu m’éclaires ! » J’avoue que je n’étais pas tellement rassuré, car si « boche » il y a, la première balle sera pour l’éclaireur, mais la cave était vide, hormis quelques bouteilles. Rien de plus dans les caves voisines.
---------Ce n’était qu’un bruit comme il en courait beaucoup ce jour-là.
---------Je retrouve Georges DAVID, agent de police, qui avait réquisitionné une camionnette pour ramasser dans la ville les soldats Allemands tués. Je l’accompagne rue Chantereine. L’un gît sur le trottoir en face de l’étude de maître SERRE,notaire à cette époque, la tête dans le caniveau rougi par le sang. Ils est chargé, sans ménagement, au-dessus des autres.
---------Dans les ruines de la maison SCHANDELER, détruite, sous une tôle, c’est le corps d’un commandant Allemand, camouflé là. Il avait été tué d’une charge de chevrotines par Monsieur V., de sa lucarne de grenier, faisant face à la gendarmerie où l’officier allait entrer. Celui-ci venait de rencontrer Maurice JAUNET et de lui dire qu’il allait donner l’ordre à ses hommes de cesser toute action hostile.
---------Parlant de ce geste insensé de Monsieur V., Monsieur Georges CLAUSE, historien, dira : « sinistre exploit d’un résistant de dernière heure ». Cet acte sans gloire aurait pu avoir de graves conséquences pour la population, car à ce moment, des Allemands occupaient encore la ville.
---------Cet officier, petit, trapu, crâne pelé, fut chargé, comme ses hommes, dans la camionnette. Son képi lui avait été enlevé par Marcel NAUDIN de Verrières, qui l’avait mis dans sa musette.
---------J’ai assisté à l’inhumation de ces soldats. Une fosse commune avait été creusée aux « Vertes Voyes ». Le commandant et ses hommes (une dizaine, si mes souvenirs sont exacts) y furent placés côte à côte et des prisonniers Allemands jetèrent les premières pelletées de terre ; une pierre de gaize tombe sur le crâne du commandant. Je m’écriais : « Mettez au moins de la paille ! »
---------Je fus entendu ; des prisonniers allèrent chercher quelques gerbes de blé dans un champ voisin et recouvrirent les corps.
---------Pour la petite histoire : le képi du commandant Allemand, conservé par NAUDIN, servit à Monsieur Jean BERTRAND, en mai 1945. Il interprétait le rôle du capitaine VON CHEMNITZ dans le « Comte du Maquis ». Je tenais celui du lieutenant Albert (nom de la résistance).
---------Drame en trois actes composé par Monsieur BERTRAND père, cette œuvre fut présentée cinq fois : deux fois à Verrières, une fois à la Neuville-au-Pont et deux fois au « Casino » de Sainte-Ménehould.
---------Elle fit partout salle comble, au lendemain de l’occupation, les gens étaient sensibilisés.
---------A la séance du 16 mai à Sainte-Ménehould, on remarqua, au premier rang, le sous-préfet de la Libération, Monsieur NOIZET, entouré de plusieurs officiers Américains. La philharmonie ménehildienne de l’époque prêtait son concours.
---------A la fin de cette représentation, Monsieur Jean BERTRAND écarta le rideau et s’avança sur l’avant-scène, pour remercier le public. Il était en tenue de scène. Il fut conspué par toute la salle. Il rentra sur scène pour ôter son képi et sa veste d’officier Allemand et de nouveau se présenta au public, qui, debout, lui fit une ovation. Il avait magistralement interprété son rôle !
---------S’il n’avait pas été, quelque temps plus tard, muté à Bruxelles dans les fonctions de directeur-adjoint des Ets SANDERS, nous étions sollicités par d’autres villes, entre autres, Montargis. Monsieur BERTRAND père avait effectué une demande pour que notre troupe participe au concours des théâtres amateurs en région parisienne.


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