Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire

Histoire de cochon au pays des « gaillots »

   par François Mouton, Luc Delemotte (dessin)



Jadis, les habitants des villages argonnais portaient presque tous un surnom global qui, la plupart du temps était lié à leurs activités présentes ou passées.
C’est ainsi qu’à Binarville, village de débardeurs, les habitants étaient les « mulets » à cause des animaux qui servaient à sortir le bois de la forêt ; qu’à La Neuville au Pont, les villageois qui pratiquaient beaucoup la pêche étaient les « macas » (du mot patois désignant le chabot, petit poisson vivant dans l’Aisne sous les pierres) et qu’à Moiremont, les indigènes ( le mot n’est pas péjoratif !) étaient baptisés les « gaillots », car les « gailles » ( les chèvres en patois) étaient nombreuses au village.
A Moiremont comme ailleurs, il y avait un garde-champêtre chargé de surveiller les récoltes et les arbres fruitiers, menant la chasse aux maraudeurs et dressant parfois des procès-verbaux, ce qui lui attirait, dans certains cas, de solides inimitiés pouvant se solder par des règlements de compte, souvent à caractère cocasse, comme ce fut le cas dans la nuit du 14 au 15 juillet 1893.
Cette nuit-là, 3 « gaillots » qui avaient sans doute un peu trop forcé sur la dive bouteille, pour arroser comme il se doit la Fête Nationale, décidèrent de régler un litige, réel ou imaginaire, les opposant à G, le garde-champêtre de la commune.
Sachant que celui-ci n’était pas chez lui, ils entassèrent contre la porte d’entrée de sa maison un énorme tas de perches en bois d’une taille et d’un poids imposants.
Quand G arriva, il lui fut bien entendu impossible de pénétrer dans son domicile. Surgirent alors les 3 plaisantins qui lui dirent : « Tu ne peux pas entrer chez toi. Ne t’inquiète pas, on t’a trouvé un logement de remplacement, où tu ne t’ennuieras pas, car tu auras un bon copain » et ils l’entraînèrent versla soue du porc située juste en face !
Evidemment, la perspective de passer la nuit dans ce local immonde et puant, avec en plus la compagnie de son occupant était loin de provoquer l’enthousiasme du pauvre garde-champêtre qui manifesta son opposition par force cris et gesticulations. Réveillés par le tapage, les voisins intervinrent pour tirer le malheureux des griffes de ces énergumènes.
Gl’avait échappé belle car, en plus de l’inconfort, il avait évité le ridicule qui eût risqué d’ébranler sérieusement sa fonction : comment voulez-vous qu’un village puisse continuer à respecter un garde-champêtre ayant dormi avec son cochon la nuit de la Fête Nationale ?
Quant aux trois responsables du scandale, il durent présenter par écrit leurs excuses. La lettre figure dans les archives de la Mairie de Moiremont.
Dangereux, le métier de garde-champêtre !

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