---------Premier document
---------Lettre d’un officier languedocien à sa mère, écrite deux jours après la bataille (L’original est la propriété de Monsieur Gérard LELORRAIN). Elle montre bien que le sort des deux armées n’est pas encore joué. On sent vibrer la fibre patriotique. Le lecteur notera bien les détails qui inciteront les Prussiens à lever le camp.
---------Nous avons respecté l’orthographe et la syntaxe de l’auteur. N’oublions pas qu’à cette époque, l’orthographe était encore mal codifiée. Ce qui peut paraître aujourd’hui comme un manque d’instruction n’est que le témoignage d’une langue écrite mal fixée, car le texte prouve à l’évidence que son auteur ne manque pas d’instruction.
---------« A Damatin la Planchette le 23 7bre 1792
---------L’an 4 de la Liberté
---------Depuis ma dernière lettre ma chère maman il ne sait passé rien de très sérieux entre les deux armées quelque coup de canon mais point d’affaire générale je suis cantonné à trois quarts de lieue du quartier général du Roy de Prusse on ne peut pas être plus pres aussi sommes nous toujours sous les armes, et il fait un tem affreux, nous ne manquons pas du necessaire mais l’armée Prussienne n’est pas de même ils ont beaucoup de malades, ils ont une exelente position qui les met à l’abri d’une attaque et qui nous gene infiniment. Avant hyer il y a eu une conference entre nos Généraux et Mr HAYMON General Prussien il y eut un instant de convention de ne pas ce tirer et je fus un moment avec mes tiralieurs causer avec les hussards ennemis et leurs officiers, je crois qu’ils désireroit ce tirer de cette guerre qu’ils voyent qu’ils ont été trompés sur nos moyens et notre volonté et ils parlent des Emigres avec le plus grand mépris il y a quelque jours qu’un de leurs corps eurent une affaire ensemble on dit bien que c’était une méprise mais le fait est que l’humeur senmelle. Je crois qu’il y a dans ce moment des négociations un aide de camp de Mr DUMOURIE est parti hyer pour Paris il seroit bien à désirer que lon reussise a detacher de l’Autriche La Prusse et alors nous pourrions surement faire repentir cette première du mal qu’elle a voulu nous faire, et je crois que la guerre seroit bientôt terminée et quel fleau ravageur il faut le voir de pres pour en sentir toute l’horreur. L’etre qui agit sans passion et voit philosofiquement a le cœur navré de voir tous les meaux qui suivent cette calamité. Notre armée est dans ce moment assez forte mais pas aussi nombreuse a beaucoup pres que celle de nos ennemis. Mon frère comande un corps très considérable 18 escadrons de cavalerie et aussi d’infanterie vis a vis l’armée des Emigres on en a pris deux hyer avec beaucoup d’argent sur eux. Mes hussards font tous les jours quelque prisonniers ils ont souvent de bonnes prises aussi ont ils beaucoup d’argent ma santé est toujours grace à Dieu des meilleures et je ne me sens nulement de toutes mes fatigues qui ont été extremes car voila pres de 6 mois que je suis l’avant Garde, qu’il me tarde de vous revoir et de jouir de la tranquilité et de voir mon pays hors de cet état de Crise et de Calamité. Bien des choses tendres a mon cher oncle et rapelles moi au souvenir de tous nos amis. Vous connaisser toute ma tendresse pour vous.
---------Ecrivé je vous prie a Joseph pour qu’il vous envoye un tonneau de vin de conaq tacher d’en avoir en bouteille de St George je vous prie de penser a cette petite provision que mon oncle pourra vous faciliter. »