Cimetière du Père Lachaise à Paris, dans le 20éme arrondissement ; des badauds déambulent, avec parfois un livret à la main, parmi les grands monuments funéraires à la recherche de personnages célèbres, écrivains, chanteurs, hommes politiques ; en somme une partie de l’Histoire de France. On saura que c’est la Compagnie de Jésus qui dut céder en 1780 un terrain pour cause de dettes L’office de tourisme y organise même des visites guidées...
Section 6, allée des Acacias : là se trouve le monument funéraire de la famille Kellermann Un « mur » grandiose adossé à la butte avec tout en haut dans le fronton les armoiries des Kellermann : deux lions entourant le croissant de lune surmonté d’une couronne. Juste en dessous on peut lire : « Valmy Marengo ». Valmy, c’est François Christophe Kellermann, général à la bataille du 20 septembre 1792. Marengo, c’est le fils, François Etienne, général de cavalerie, qui s’illustra à Marengo, donc, et aussi à Waterloo.
Nous, Argonnais, connaissons surtout François Kellermann, le « Héros de Valmy », à qui sont revenus les honneurs de la victoire quand le général en chef Dumouriez eut l’idée d’aller finir ses jours en Angleterre Si le corps du général est au Père Lachaise, son cœur, par contre, a été déposé dans la pyramide de pierre qui se trouve juste avant la grandiose statue du général levant son sabre et criant son célèbre « vive la nation », un cri repris par des centaines d’hommes épris de liberté et d’égalité. C’est le général lui même qui a voulu que son cœur repose au milieu des braves soldats, à un endroit du site d’où l’on pouvait voir le champ de bataille et le village de Valmy. C’était en 1821.
François Christophe Kellermann était né à Strasbourg en 1735. Colonel en 1784, général en 1788, sous l’ancien régime, Kellermann commandait le centre du dispositif français à la bataille de Valmy, près du moulin. Il servira ensuite le « consul » Napoléon et sera élevé à la dignité de Maréchal de France le 30 floréal an XII. Louis XVIII le fera pait de France en 1814 et Napoléon le nommera « duc de Valmy » en 1818.
François Kellermann mourra de maladie le 12 septembre 1820, à l’âge de 85 ans. C’était à Paris, ce qui a valu au général de pouvoir être inhumé au Père Lachaise parmi de grands hommes célèbres. Le monument porte l’inscription : « concession à perpétuité ».
Kellermann a eu une fille et un fils, militaire, et de sa descendance on retiendra le nom de son arrière petite-fille, Henriette, mariée à un prince italien. Henriette Ginetti perdit son mari et son fils, et devint bienfaitrice de la commune au début du XXéme siècle. La chapelle funéraire, sur le plateau, rappelle son souvenir.
Toute la vie de la famille Kellermann défile à la lecture des inscriptions sur le monument funéraire.
Aucun dictionnaire ne nous donnera plus de renseignements. Et puis là, devant ces vieilles pierres, comme en pèlerinage, on revoit la bataille de Valmy, le général, bien sûr, les soldats nommés « sans culotte », et le moulin.
A la fin des années 90, l’office de tourisme et la commune de Valmy avaient organisé un voyage découverte à Paris, prison du temple (où était enfermée la famille royale en 1792) et le Père Lachaise. Une gerbe fut déposée en grande pompe, au grand étonnement des visiteurs
Le monument vieillit mal, aidé par la végétation, les grands arbres... Dans les années 90, ce monument a été restauré à titre exceptionnel dans le cadre des interventions de la commission d’architecture funéraire par la ville de Paris.
Mais le cimetière du Père Lachaise, avec ses 44 hectares, est bien vaste, diront certains. Lors de ma dernière visite, le nom du général était inscrit sur un panneau à l’entrée du cimetière, à côté de ceux de Beaumarchais, de Saint Simon ou de Madame Sans Gêne. Alors si vous passez à Paris, prenez le temps d’aller saluer le général Kellermann