Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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A propos du patois argonnais.

   par François Duboisy



- Pour la conjugaison des rares verbes utilisés, les analogies sont évidentes :

Florent
Charmont
Challerange
Français
J’sue
J’su
J’su
Je suis
J’a
J’a
J’a
J’ai
J’avou
J’aveu
J’aveu
J’avais
J’ara
J’ara
J’ara
J’aurai


- Pour le vocabulaire, les différences sont plus marquées. Ainsi, aujourd’hui se dira anou, anuit, anouy, aneu, selon le village ; demain, dumanyou ou dumain, l’échelle, échil, ichil, échielle. Trafiquer se dit makigné à Charmont, mokinyé à Givry et maquignai à Florent.
L’origine de ces mots est fort diverse. Comme on le voit ci-dessus, les mots de patois ne sont souvent que des mots français prononcés différemment ou légèrement déformés. Oi devient ou, bou pour bois, o devient ou, nouyo pour noyau, oire donne oèr, armoèr pour armoire.
D’autres proviennent de mots du vieux français, voire du latin que le français actuel a oublié : boude (nombril) vient du latin bodellus ; brér (pleurer), du latin bragère, broc (dent) de brocca, kokot de coquane.
Plus étonnants sont les mots d’origine étrangère et les envahisseurs allemands sont les plus riches donateurs : ros, à schlof, agate, brisak, mastok. Ce dernier mot viendrait de mas (engrais) et de ok (bœuf). Plus étonnant : berne viendrait du néerlandais, Alambin (alambic) de l’arabe.
Et comment classer Katin, pour une femme de mauvaise vie qui est le diminutif de Catherine, devenu péjoratif. Katrinette pour coccinelle, vient de l’habitude que l’on avait au moyen âge d’associer un animal à un prénom.
Voilà donc un creuset qui reçoit des apports d’origines fort diverses pour en faire un parler qui, pour nos anciens, avait valeur d’identité, signe de reconnaissance et d’appartenance à une communauté villageoise et plus largement argonnaise.
J’allais terminer cet article en pensant que le patois aujourd’hui évanescent, serait demain totalement oublié. Or, à la caisse d’un magasin discount de la ville où j’attendais mon tour, une jeune caissière dit à une cliente aussi jeune qu’elle qui quittait le magasin : « A la revoyure ». L’espoir subsiste.


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