L’église en 1914 :
Le village de Saint-Thomas en Argonne a appartenu, jusqu’à la Révolution, au diocèse de Reims. Il n’a été réuni au diocèse de Châlons qu’en 1823, au moment de la reconstitution de ce dernier. En 1914, on pouvait y voir une église à nef unique, qui avait été autrefois prieurale et paroissiale, et qui remontait, au moins en partie, au 17ème siècle. Elle avait été l’objet, au cours du temps, de multiples campagnes de travaux que nous résumons ici :
- 1645 : réparations sous la direction de Jean Bonhomme.
- 1756 : réparations.
- 1821-1822 : livraison de deux cloches par le sieur Taron (suivi du chantier assuré par l’architecte Barthelemy Jean Laidebeur, de Sainte-Menehould).
- 1822-1823 : l’architecte Laidebeur fait réparer le parquet et les lambris de la sacristie, le pavé et les marches de l’autel, la porte latérale sud, la menuiserie du chœur et la voûte du sanctuaire. L’intérieur de l’église est enduit et blanchi. Le « tableau en mignature » placé derrière l’autel est remis en peinture ainsi que le tabernacle doré. L’escalier conduisant au cimetière a été construit au même moment. Ces travaux sont effectués par Jean-Pierre Logette, charpentier à Servon, et Joseph Pâquis, ou Pasquis, maçon de Saint-Thomas.
- 1833 : reconstruction du mur de soutènement du cimetière.
- 1855 : réparation de la croix du clocher.
- 1862-1864 : réfection de la couverture. Les travaux sont confiés à Louis Antoine Noël et Louis Isidore Francart, sous la conduite de Louis Collin, architecte à Epernay.
Cette église possédait un mobilier remarquable : un beau maître-autel, dont le baldaquin était porté par quatre colonnes de marbre, et sur lequel on pouvait voir des statues de Saint Nicolas et Saint Vincent, une statuette ancienne représentant Saint Sébastien, une autre du 17ème siècle représentant la Vierge, et des fonts baptismaux romans.
L’édifice sort totalement anéanti de la première guerre mondiale. C’est pourquoi il est rapidement décidé de le reconstruire à neuf au même emplacement. La maîtrise d’ouvrage du chantier est confiée aux soins de la Coopérative de reconstruction des églises du diocèse de Châlons, à laquelle la commune a adhéré. Les études préalables sont confiées à Fernand Gallot, architecte à Epernay, alors associé à son confrère Sallé, de Château-Thierry.
Le maître d’oeuvre :
Fernand, Marcel, Emile Gallot, auquel revient la conception et le suivi des travaux du nouveau lieu de culte, est un important architecte de l’Entre-Deux Guerres. Né en 1878 à Briouze (Orne), il est orphelin de père à l’âge de dix ans. Entré à l’Ecole des Beaux-Arts en 1899, il y suit l’enseignement de Scellier de Gisors et Bernier. Il est élève de 1ère classe en 1902, et décroche le diplôme d’architecte DPLG en 1904. Il s’est établi à Epernay vers 1905, au 36 rue du Commerce (actuelle avenue de Champagne).

Profondément croyant, et même « véritable saint laïc » au dire de son fils Jean, il devient membre de la conférence de Saint-Vincent de Paul, fréquente l’église Notre-Dame, sa paroisse, et bénéficie de l’estime de Mgr Tissier, évêque de Châlons depuis 1912. Son œuvre est abondante. Architecte de la Banque de France, il a construit le bâtiment de la succursale sparnacienne. Pour le compte de la société du Logement familial, il a édifié des maisons pour familles nombreuses à Epernay. Il est aussi l’auteur des celliers de la maison Pol Roger, des usines Lemaire frères, et, pour Mme Auban-Moët, du château de Saran. Il était, en outre, architecte de la ville de Montmirail et de diverses autres communes de l’arrondissement d’Epernay. Avec son confrère Sallé, Gallot est, pendant les années folles, un grand constructeur d’églises : on doit en effet à leur association, outre celle qui nous intéresse ici, les églises de Gratreuil, Fontaine en Dormois, Cernay en Dormois et Sainte-Pudentienne à Châlons. Malheureusement pour lui, son militantisme pour la cause du parti conservateur va contribuer à l’écarter du poste d’architecte départemental, auquel il postule en 1933. Il est décédé en 1957.