L’exposition « l’Argonne à travers les cartes du XVIIIème siècle » a été montée au musée de Sainte-Ménehould, dans le cadre du mois du patrimoine. Cette présentation de cartes, issues du fonds de la Bibliothèque Municipale, a été appréciée par le public. Cette exposition n’aurait pu être organisée sans les conseils compétents de Monsieur Gérard MOURLET et de Monsieur Jean-Pierre RAVEAU. Monsieur Laurent DUHAL a participé activement à cette manifestation, en prêtant des reproductions de sa collection personnelle. La curiosité de Monsieur Luc DELEMOTTE a fait le reste.
Le voyageur du proche XXIème siècle resterait bien dérouté en se penchant sur une carte gravée sous le règne de Louis XIV. A l’époque, l’évaluation des distances est plus qu’approximative, faite en fonction du temps passé pour se rendre d’un point à un autre. Personne ne réfléchit alors à une unité de mesure universelle et bienheureux est le lecteur qui dénichera une échelle ou une légende, et, à plus forte raison, la direction du pôle. Bref, si le pèlerin et le marchand ne voulaient s’égarer sur ces chemins mal indiqués, il valait mieux se fier aux indications des indigènes ou à sa bonne étoile.
Pourtant, la cartographie connaît, dès la fin du XVIIème siècle, d’importants progrès. Les oeuvres de Damien de TEMPLEUX, de Jean JUBRIEN et de Nicolas SANSON d’Abbeville sont des types que leurs successeurs et disciples reproduiront, imiteront et, fort heureusement, amélioreront. JAILLOT et CASSINI proposeront au public un travail plus précis, basé sur des relevés scientifiques.

Carte de SANSON
En 1697, à la demande du Roi, est menée une enquête sur la situation matérielle du pays. Les intendants doivent envoyer les documents cartographiques qu’ils possèdent à Nicolas SANSON qui en dresse la synthèse. D’après Emile CHANTRIOT, qui a dressé le catalogue des cartes anciennes de la Champagne, peu de document fiables concernant la région arrivent sur la table du géographe du Roi. De plus, les erreurs fréquentes sautent aux yeux. On ne définit ni latitude, ni longitude. La carte du gouvernement de Sainte-Ménehould, datée de 1645, en est l’illustration. Comme il est d’usage à l’époque, le Nord est indiqué vers le bas. Les routes sont absentes, les reliefs sont suggérés par de vagues monts ombrés du côté Est. La représentation des massifs forestiers est frustre. Les noms des lieux et des villages ont une orthographe bien fantaisiste.
