Cela paraît presque incroyable : plus d’une centaine de personnes participaient ce jour-là à la procession de la Fête-Dieu. Ce qui est incroyable, ce n’est pas le nombre de fidèles, mais le fait que tout se passe au beau milieu de la route.
La Fête-Dieu est une fête religieuse catholique célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c’est-à-dire 60 jours après Pâques. Mais depuis longtemps, la Fête-Dieu était solennisée le dimanche et non le jeudi. Des « autels improvisés ornés », nommés reposoirs étaient installés dans différents quartiers de la ville et les fidèles, après la messe, s’y rendaient en procession.
La photo du journal de l’époque (l’Union), montre le cortège dans la rue Florion, avec en arrière plan, l’hôpital. Je me souviens avoir vu un reposoir formé d’une petite table fleurie sur la devanture d’une maison de l’avenue Kellermann (où j’habitais), juste avant le garage Chardeville.
Le texte dit en titre : « Les fidèles ont pieusement suivi la procession de la Fête-Dieu ». Puis la légende de la photo raconte : « Le clergé avait organisé, après la messe de dimanche dernier, qui fut célébrée à Saint-Charles, la procession de la Fête-Dieu. La procession suivait en partie la route nationale et de nombreux automobilistes durent, sans trop de mauvaises grâces, se résigner au lent cheminement des fidèles. On voyait même, au premier plan de la très longue file, un convoi exceptionnel de 7 autocars. Tout se déroula dans le bon ordre et le recueillement, et le cortège put prier devant les reposoirs ».
La journaliste de l’époque insistait quelque peu sur la gêne provoquée par une telle procession. N’empêche, aujourd’hui, où l’on ne peut plus organiser un défilé de Saint-Nicolas, ce genre de procession serait gênante, certes, mais aussi plus que dangereuse.
C’était dans le début des années 60. Alors ? Pourquoi ces processions ont-elles disparu ? Par manque de fidèles ou par l’impossibilité d’emprunter en lente procession les rues de la ville ? La patience ne semble pas être une des vertus de notre nouveau siècle