Au confluent de l’Aisne et de l’Auve, en plein cœur de la ville, une salle modeste mais bien équipée accueille expositions, spectacles, repas de famille, dons du sang. Elle fut « baptisée » salle Jean Depors en 1984, car elle devait beaucoup à un ménéhildien qui a marqué l’histoire de la cité.
Jean Depors est né dans notre bonne ville le 7 mai 1910. Son père est marchand de cycles rue Chanzy, il porte la barbe et passe pour être un homme affable et même facétieux. Jean fréquente les petites classes du lycée Chanzy et c’est un bon élève. Aussi fut-il choisi pour déclamer un poème de Victor Hugo lors de l’inauguration du monument aux morts, le 22 juillet 1922.
Sans même regarder le texte, il créa l’émotion dès les premiers vers : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie ». L’événement fut immortalisé par une carte postale aujourd’hui fort prisée. Et puis ce sont des études de commerce à Nancy, le service militaire chez les tirailleurs algériens, mais, non violent, il se fait nommer infirmier. Ses études de commerce l’amènent pour un stage à Rouen où il va rencontrer son épouse.
Son père a des ennuis de santé, aussi le fils revient pour l’aider dans ses activités au 16 rue Chanzy. Alors commence la vie d’un citoyen qui va continuellement se comporter avec dévouement au service de ses proches et de la cité. Catholique fervent, membre de l’équipe de Saint-Vincent de Paul, il aide à la distribution du charbon durant l’hiver et sa porte est toujours ouverte pour donner aux plus démunis une petite pièce ou un café chaud. En 1940, rappelé pour faire la guerre, il est fait prisonnier et, à son retour, comme beaucoup, il trouvera sa maison pillée.
Un citoyen engagé :
Dès la libération, il va faire preuve de dynamisme et on le voit s’investir dans la vie de la cité. Il est membre de la Nautique, société qui gère des activités sportives sur la rivière Aisne. En 1950, le voilà Président du Syndicat d’initiative et il participe aux recherches archéologiques avec Messieurs Chenet et Laurent. Mais un de ses titres de gloire est d’avoir contribué, avec Jean Noël et Jean Péridon (la bande des trois Jean) aux fêtes qui, en 1956, mirent Sainte-Ménehould en lumière au niveau national (émission 36 chandelles sur la chaîne de télévision nationale) avec la pose de la statue de Dom Pérignon suivie d’une fête à la Mignonnerie, propriété de la famille Lecourtier.
En 1959, il se présente aux élections municipales sur une liste coloration droite, menée par le docteur Braun (l’autre liste est conduite par Henri Steffen conseiller général). Il sera élu assez aisément au second tour avec 810 voix. Tous les élus se regroupèrent sous la houlette de Robert Lancelot. Jean Depors sera réélu en 1965 et prendra la responsabilité des fêtes.
Pendant plus d’un quart de siècle, il fut reporter et correspondant de l’Est Républicain. Il couvrait sur les stades les évènements sportifs, les accidents, trouvant toujours le mot juste pour ne pas heurter.
Un passionné de cyclisme :
Bien sûr, quand on vend des vélos, on s’intéresse au cyclisme. Jean n’était pas pratiquant mais un organisateur avisé. Il créa avec son père le « Grand prix Depors », course cycliste où se sont illustrées toutes les gloires champenoises (Denhez, Golovkine) et aussi Roger Rondeaux, trois fois champion du monde de cyclo-cross.
Quant au Tour de France, à l’époque où la télévision n’était guère répandue, il écoutait dans son magasin les résultats à la radio et les transcrivait sur une grande ardoise adossée au magasin, sur le trottoir. C’était le rendez-vous des sportifs en fin d’après-midi.

On reconnaît de gauche à droite : Jean-Claude et Jean Péridon, Jean Depors et son père.