Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Un instituteur à Menou pendant la guerre de 1939-1945

   par Maurice Varin



Maurice Varin, aujourd’hui en retraite à Reims, a été instituteur pendant la seconde guerre mondiale, mais il n’a jamais enseigné à l’école de garçons. Souvenirs.

Né le 8 juin à Mohon, dans les Ardennes, j’ai quitté le département à l’âge de 2 ans et nous avons occupé, à Magenta, la maison de mon grand-père qui était décédé.
Nous sommes arrivés à Sainte-Ménehould en 1925, mon père Charles Varin venant d’être embauché comme ouvrier civil à la forge du 120ème régiment du train au Quartier Valmy. C’est à cette époque, à l’école maternelle, que j’ai vu pour la première fois une petite fille qui venait d’arriver avec ses parents, Monsieur et Madame Sauvage, les gérants du magasin « Comptoirs français » [1]. Elle s’appelait Carmen et je devais, quinze ans plus tard, lui donner un « nom ». Il y aura bientôt 70 ans
Nous logions au quartier de la gare, mais mes parents devaient rapidement acheter une maison au 10 rue des Rondes. Nous ne l’avons jamais quittée. Après l’école des garçons (1926-1932), sous la direction de Monsieur Grosbéty, je passai le certificat d’études, les concours des bourses (1ère et 2ème série), ce qui me permit d’entrer comme interne au cours complémentaire de Suippes.
Juin 1936, c’est le brevet élémentaire et le concours d’entrée à l’école normale où je fus pensionnaire d’octobre 1936 à juin 1939. J’obtins le brevet supérieur en 1939 et le CAP d’instituteur en janvier 1940. Nommé instituteur en juillet 1939, je rejoignis mon premier poste à Malmy où je ne suis resté que 10 jours. Mon premier traitement : 1071 francs.
Je fus nommé à Sainte-Ménehould en octobre 1939 et j’ai passé mon CAP en janvier 1940. Comme l’école de garçons (aujourd’hui école Camille Margaine) était réquisitionnée par l’armée française, je fus « casé » au patronage de filles. On y avait creusé des tranchées qui nous servaient d’abris (rue Camille Margaine). J’ai fait l’année scolaire sous la direction de Monsieur Garnesson.
L’attaque allemande nous a chassés le 10 mai 1940. Ce fut l’évacuation ; nous avons embarqué dans une vieille Hotchkiss sans phares appartenant à Monsieur Mazurier (qui tenait un magasin de cycles rue Chanzy). Après un périple jusqu’à Pau, nous sommes revenus à Menou par les bois, la zone étant interdite. Malheureusement, nous avons retrouvé la maison des parents bombardée et pillée
Mon père reprit son travail au quartier comme forgeron, tout en faisant quelques heures par semaine chez Monsieur Lambert, menuisier carrossier ; ma grand-mère était couturière et ma mère cousait des paillettes sur les vêtements féminins. Nous cultivions deux jardins, un petit près de la maison et un grand sur la côte de Pertizon, et nous avions un élevage de poules et de lapins.
Je fus à nouveau nommé à Sainte-Ménehould dans des classes installées au patronage de garçons, à la maison des œuvres (aujourd’hui cour de l’école Camille Margaine). En septembre 1941, les écoles étant toujours réquisitionnées par l’armée allemande, on nous avait installés à l’Hôtel de ville dans deux classes aménagées au premier étage, avec un bat-flanc pour les séparer. Ma classe était au fond, 48 élèves en CM2, et à côté de moi était la classe de CM1 de Monsieur Sayen, avec 42 élèves. La classe de CP et celle du directeur, Monsieur Garnesson étaient installées au musée. Je ne me souviens pas où était celle de Monsieur Jeanson.
Les filles, elles, étaient dans leur école, derrière la prison (aujourd’hui Buirette). Mon épouse s’occupait de la classe de CM2 sous la direction de Madame Mauriès. La cour de récréation était celle de l’hôtel de ville.
Nous avions quelques difficultés en raison du nombre d’élèves. Je me souviens de quelques noms : Jean Laurent, Bernard Jean, Van Denabelle, Gouilly, Serge Walch, Toquero Les enfants étaient assez durs, en raison souvent de l’absence des pères encore mobilisés ou prisonniers. On distribuait, à la récréation, sous les yeux de la Kommandantur [2], rations de lait, gâteaux à la caséine, moins souvent des confitures car c’était plus difficile car le pain nous manquait pour faire des tartines.
Depuis notre mariage, le 28 décembre 1940, nous habitions Maffrécourt. Après la naissance de notre fille Claudie (11 octobre 1941), la mairie de Sainte-Ménehould nous a installés dans une maison de la rue Gaillot Aubert. Puis en septembre 1942, en raison des difficultés d’approvisionnement, nous sommes partis à la campagne, pour un poste double à Vavray le Grand et Vavray le Petit.
Souvenirs écrits par Maurice Varin ; adaptation John Jussy.

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Le livre de Jeannine Cappy « Recettes Argonnaises d’hier à cuisiner aujourd’hui » vient d’être réédité. Vous le trouverez à La Maison de la presse, à l’Office de Tourisme de Sainte-Ménehould et à la Bouquinerie de l’Argonne de Hans.

Notes

[1 : A l’époque, les magasins à succursales multiples se nommaient : Goulet-Turpin, Familistère, Coopérateurs de Lorraine, Comptoirs Français.

[2La Kommandantur était installée dans la maison qui est aujourd’hui sous-préfecture.

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