Le petit pont du Bois Géraudel

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Le pharmacien Géraudel.
Géraudel, argonnais de naissance et ingénieux pharmacien, avait fait fortune en inventant et en commercialisant une pilule contre la toux et d’autres maux. Son usine se situait derrière la mairie, un bâtiment nommé aujourd’hui « Centre Buirette ». C’est au lieu-dit « l’Alléval » que ce philanthrope ménéhildien, né au milieu des bois à Bellefontaine, allait faire construire ce parc qui allait devenir le lieu d’agrément de cette époque.
Des précisions sont données dans le livre « Géraudel » de Roger Berdold, François Stupp et Roger Dubois (1994) : « On y donnait des fêtes, certaines de nuit, couronnées par des feux d’artifice ». Etienne Thierry le donne comme rendez-vous des familles et surtout des amoureux. « Bien des cuirassiers [1] ont pris femme dans ses taillis, blessés par la flèche d’Eros". Les élèves du collège Chanzy y faisaient leurs sorties.
On peut imaginer alors ces dames en grande robe, l’ombrelle à la main, les hommes portant le canotier, se rendre qui à pied, qui en voiture hippomobile, qui à bicyclette, jusqu’au Bois Géraudel. Il n’y a d’ailleurs qu’un petit kilomètre entre le pont du chemin de fer, (la gare a été créée avec l’arrivée du chemin de fer en 1867) et le Bois Géraudel. Et puis on pense à tous ces gens se baladant le long du ruisseau, se cachant dans quelques taillis aménagés pour conter fleurette, ou encore posant devant le chalet pour des photos souvenirs
De tout cela, hormis le petit pont, il ne reste que la colonne qui supportait le buste [2] et quelques pierres qui furent les fondations du chalet. La première guerre mondiale était passée par là
L’usine derrière la mairie avait elle aussi subi des dommages avec la destruction partielle du toit et du premier étage par la chute d’un obus en 1914. Après la guerre, la fabrication des fameuses pastilles fut transférée à Courbevoie près de Paris dans une usine dirigée par Albert, le deuxième fils du pharmacien ; la cinquantaine d’ouvriers et d’employés, dont une majorité de femmes, furent certainement au chômage, un mot cependant inconnu à l’époque.
Personne ne reconstruisit jamais ce grand parc. Il était bel et bien fini le temps des ombrelles et des canotiers, et des dames si belles dans leur grandes robes la nature détruisit ce qui pouvait rester comme souvenirs, le buste avait disparu, le plan d’eau redevenait ruisseau
Pourquoi n’a-t-on pas fait renaître ce parc ? Certes, après la guerre, les gens devaient avoir bien d’autres préoccupations ; et dans les années suivantes, la mode devait être passée, la vie avait changé, l’automobile avait envahi la vie quotidienne. Géraudel était décédé en 1906, à l’époque où « son parc » était le lieu de promenade le plus prisé de la ville. Les cartes postales souvent datées de 1910 en témoignent
Et si un jour on faisait revivre le Bois Géraudel ? Le débroussaillage et les plantations en sont un premier pas.

Précision : Pour se rendre au bois Géraudel, suivre, après le pont du chemin de fer, la petite route qui conduit à la forêt. Après être passé sous un pont (ancienne voie ferrée), tourner à gauche et stationner dès que l’on voit, à droite, une partie déboisée.

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