Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du poète

Toast en vers ou une page d’histoire de la pastillerie Géraudel.

   par Nicole Gérardot



Encore un écrit tiré de l’oubli. Certains Ménéhildiens se souviennent de la pastille « Géraudel ». Ce bonbon, à base de goudron de Norvège, soignait la toux. C’est à Auguste-Arthur Géraudel, alors pharmacien à Sainte-Ménehould, que l’on doit cette découverte. La pastille connut à l’époque un grand succès. Une usine fut construite rue Philippe-de-la-Force (l’ancienne école des filles). L’âge venant, Arthur Géraudel confia à son fils Albert la marche de l’entreprise. Il décéda en 1906.
Le texte ci-dessous a été écrit par Henri Gallois, ami d’Arthur Géraudel, à l’occasion d’une remise de médailles.

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Nous sommes en mai 1909 ; un banquet est organisé pour honorer deux employés : Henri Hecquet, alors directeur de l’usine, qui est nommé officier d’académie, et Arsène Jacquesson, un ouvrier qui reçoit la médaille d’honneur du travail.
Cela fait 30 ans que les deux hommes sont employés dans l’usine, depuis l’époque où les pastilles étaient encore fabriquées dans un petit local rue Zoé Michel ; Henri Hecquet était le bras droit du pharmacien, Arsène Jacquesson un ouvrier aux machines.
Ce texte est également un témoignage de la vie de l’usine en ce début de XXème siècle : du paternalisme, la patronne qui fait des gâteaux aux ouvrières, une usine en difficulté et le patron qui tient à garder tous les employés. L’époque des pastilles au goudron était-elle terminée ? La grande guerre qui est proche sonnera la fermeture de l’usine ménéhildienne.<
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Toast en vers, mai 1909

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Mesdames et Messieurs, permettez qu’un poète>
Se trouvant, par hasard, attablé parmi vous,
Sa Muse, au débotté, se fasse l’interprète
En cette occasion du sentiment de tous.

Faites mieux ! Permettez que ce croyant des vôtres
Un ami d’Albert Géraudel,
Son collaborateur, parlant pour tous les autres,
S’exprime également en son nom personnel.

Ainsi qu’une famille où chacun s’avoisine
Fête un événement heureux pour la maison,
Tous nous fêtons ce soir l’honneur fait à l’Usine
En la personne de Hecquet, de Jacquesson.

Trente ans de dévouement, de labeur, sont des titres
A célébrer en vers : Je n’y veux pas manquer ;
Mais puisque du passé nous rouvrons des chapitres
Un souvenir, ici, doit d’abord s’évoquer...

Ombre dont la présence en ces lieux se devine,
Heureux infiniment, ce soir le fondateur
Applaudit au ruban qu’il voit sur la poitrine
D’Hecquet, son collaborateur.

Anciens de la maison, ouvriers, ouvrières,
C’est lui qui vous reçoit ici.
Le simple et bon patron aux façons familières
Qui, toujours parmi vous, des tâches journalières
Prenait sa large place, travaillant sans merci,
Le grand mutualiste- il faut le dire aussi
(Mais quoi ! Vous le savez du reste)
Qui de votre avenir, aidé par ce modeste
Et brave Hecquet, prenait un paternel souci !

Or, peut-on évoquer l’image
De Monsieur Arthur Géraudel
Sans voir à ses côtés, partageant son ouvrage,
Aux heures d’abandon ranimant son courage
Et même (à votre témoignage
Mesdames, je puis faire appel)
Quand le travail pressait, se faisant ouvrière
Votre hôtesse ce soir : Madame Géraudel !

A l’heure du goûter, aimable vivandière,
Si j’en crois les récits il advint maintes fois
Mesdames, que votre ordinaire
Fut corsé d’un gâteau pétri par ses fins doigts.

Je note l’anecdote. Elle est bien trop jolie
Pour que, poète, je l’oublie.
Enfin -car il faut être bref
C’est en deux mots que je rappelle
Ceci. De la maison quand disparut le chef,
Ses fils, restant guidés par l’idée paternelle,
Voulurent en dépit des temps plus[hasardeux [1]
Tous jusqu’au plus petit vous garder auprès d’eux.

Or, je ne serais pas vraiment votre interprète
Oubliant d’adresser un mot affectueux
Au Docteur Géraudel qui manque à cette fête !
Quant à Monsieur Albert, sa mine satisfaite
Prouve combien le rend joyeux
Le succès de Hecquet, fidèle camarade
Des travaux actuels comme des premiers jeux

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Notes

[1La France sort de la crise : 1907 a été l’année de la « panique bancaire aux Etats-Unis », puis ce fut la crise en France qui, dit-on, s’est terminée en février 1909.

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