Voilà une histoire racontée dans des livres publiés juste après la grande guerre, une histoire bien amusante, mais aussi un témoignage des malheurs que réservait la guerre aux populations civiles. Cette histoire aurait pu se dérouler dans un de ces villages d’Argonne qui, après avoir été occupés par les Allemands, furent libérés 10 jours plus tard ; [1]
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Voilà donc les soldats français qui après le départ des ennemis rencontrent une brave paysanne qui se vantait d’avoir « roulé » les Allemands, échappant à la corvée en se faisant passer pour malade ou pour avoir « oublié » de donner les œufs des poules ou le lait des vaches.
Mais sa fierté, c’était sa pompe, une belle pompe tout en cuivre rouge qui aurait bien fait l’affaire des Allemands.
« Et ma pompe dit-elle, croyez-vous que j’allais la leur donner J’avais été avertie et pendant la nuit, j’ai passé ma pompe à la mine de plomb ».
Et un jour, effectivement, les soldats sont venus perquisitionner, emportant une suspension en bronze et passant devant la pompe sans même la regarder.
La pompe était donc toujours là, ayant échappé aux dures lois de la guerre.
Et la brave dame montrait encore et encore sa pompe aux soldats français un peu sceptiques, en jurant que malgré la couleur grise, elle était bien en cuivre.
Et comme pour elle la guerre était finie, elle dit : « On peut bien y faire sa toilette maintenant, ils ne reviendront plus, ces voleurs. »
Malgré l’avis de son homme qui répétait sans cesse qu’on ferait mieux de ne pas y toucher, la brave dame prit des torchons et des produits de sa composition et se mit aussitôt au travail, frottant et frottant avec conviction, attendant avec joie de revoir le beau cuivre.
Oui mais voilà, petit à petit la pompe s’écaillait et s’obstinait à rester noire. La femme s’approchant poussa alors un cri de désespoir : « Malheur, ce n’est pas du cuivre ».
Les soldats ne purent que confirmer le verdict : la pompe était en fonte, de la vraie fonte. Mais la femme voyant son mari se diriger à petits pas vers la porte, commença à comprendre et, saisissant le misérable au collet, s’écria :
« Espèce d’ivrogne, soulard, tu as bu ma pompe »
Le mari ne put qu’avouer, invoquant qu’il pensait que la guerre ne finirait pas, argumentant que la pompe, en cuivre ou en plomb, était toujours une pompe"
"Et quand as-tu fais ça, s’enquérit la femme ?
- La semaine dernièrequand tu étais partie au lavoir."
Alors la dame dit au soldat français, avec presque un air de reproche :
« Vous voyez, si vous étiez venu la semaine dernière, j’aurais encore ma pompe en cuivre ! »
« D’après l’Almanach du Combattant et des victimes de la guerre de 1922 »
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