Dominique Delacour, qui vient de signer un important ouvrage sur son village, Auve, plonge dans ses souvenirs de jeunesse pour vous raconter une anecdote, sorte de témoignage de ce qu’était l’éducation dans les années 50.
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Les méthodes éducatives étaient autrefois plus strictes qu’aujourd’hui, bien que très variables d’une situation à une autre.
A Auve, dans la période succédant à la dernière guerre mondiale, le curé et l’instituteur se donnaient beaucoup, et, quand l’autorité parentale allait dans le même sens, cela ne laissait pas beaucoup de marge de manœuvre à la jeunesse.
Voici les aventures d’un jeune particulièrement impressionné par le curé et perdant ses moyens devant lui.
A une question posée au catéchisme : « Comment se succèdent les papes ? », il perd tellement les pédales qu’il en arrive à répondre que les papes se succèdent de père en fils, puis après les protestations véhémentes et outrées du curé à qui cela n’avait vraiment pas l’air de plaire, il rectifie en les faisant se succéder de fils en père, cela n’étant toujours pas du goût de celui qui interroge, c’est le moins que l’on puisse dire, à voir son visage s’empourprer.
Un autre jour, interrogé plus souvent qu’à son tour et cherchant surtout à bien répondre pour échapper aux punitions et aux quolibets du curé, il ne fit pas le bon choix à une nouvelle question : « Dieu est-il présent au Saint-Sacrement ? » en répondant non et cela après mûre réflexion, pensant éviter un piège.
Après les remontrances appuyées et les conséquences habituelles qui s’en suivirent, cela se compliqua le dimanche suivant à la grand-messe où le thème de la prédication tournait, comme par hasard, autour de la place et de la présence de Dieu dans la vie de tous les jours. « Et dire qu’il y a un enfant de chœur qui ne sait même pas que Dieu est présent au Saint-Sacrement ! » glissa-t-il au beau milieu du sermon, alors que le coupable, cloué sur son tabouret, à la vue de toute l’assistance, n’en menait pas large à l’idée que son nom fût prononcé, ce qui, heureusement pour lui ne se fit pas.
En revenant chez lui, interrogé cette fois par ses parents pour savoir si c’était lui le fautif, soit trop franc ou pas assez malin, survint ce que l’on pense, il répondit par l’affirmative. Il s’est alors vu aussitôt privé de dessert sans autre forme de procèsLes méthodes radicales ont quand même un côté positif, car aujourd’hui, il n’aura même pas besoin de réfléchir pour donner de suite la bonne réponse à une interrogation similaire.
- P.S. : Le jeune en question est tout simplement le signataire de ces quelques lignes et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, tout cela s’est transformé très vite pour lui en souvenirs amusés et sa privation de dessert, pénible sur le moment, a été largement compensée par la suite.