Mon arrière grand-père disait : « de mon temps on travaillait dur aux champs, dans les bois, aux extractions de coquins ou d’argile, dans les tuileries, verreries, tonnelleries et le soir le travail se prolongeait pour les hommes à la brandevinerie et pour les femmes à la Cavée et puis, Chut !, de temps en temps l’on devenait braconnier d’eau douce ou canardier. Heureusement que nos révolutionnaires (merci M. Drouet !) nous avaient accordé des jours fériés supplémentaires ».
Ah ! de son temps on savait commémorer les anniversaires : le 21 janvier, jour anniversaire de la mort de Louis XVI ; le 20 mars, la fête de la souveraineté du peuple ; le 30 mars, la fête de la jeunesse ; le 29 avril, celle des époux ; le 29 mai celle de la reconnaissance ; le 28 juin celle de l’agriculture ; les 27 et 28 juillet, la fête de la Liberté et le 27 août, la fête des vieillards et puis j’allais oublier le 14 juillet l’anniversaire de la prise de la Bastille.
Quelle générosité ! 10 jours de fêtes civiques aujourd’hui transformées en R.T.T. (récupération du temps de travail).
« Ah ! de mon temps »
Quand nos aînés ont dit cela, on n’avait plus qu’à se taire. De leur temps, les enfants, à l’école de la Charité, savaient lire et écrire, les plus grands respectaient leurs parents, ils ne cassaient pas, ils apprenaient leurs leçons au lieu de traîner dans les rues, ils aimaient la soupe aux pommes de terre et avalaient sans protester les doses quotidiennes d’huile de foie de morue, prescrites par mère-grand.
Ah ! Que tout cela a changé !
De nouvelles fêtes furent et seront peut-être instituées : la fête de la musique, la libération de La Grange aux Bois, la fête de la pastille, du pied de cochon, du bois, de la gaize d’Argonne, de la pomme, du verre et pourquoi pas de la tuile
Et après tout cela, ce sera à notre tour de clamer à la génération future :
« Ah ! de mon temps. »
Roger Berdold
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J’ai souvent entendu les anciens instituteurs dire aux jeunes qui débutaient : « L’école, c’est plus ce que c’était. Si tu avais connu avant »
Quand je suis arrivé à l’école de garçons (Camille Margaine) en 1964, les instituteurs, M. Vauché directeur, M. Cordelette, M. Tallaron et les autres, m’ont dit : « Ah ! l’école ce n’est plus comme avant ».
Cela avait changé en effet car tous étaient « costume-cravate » et M. Vauché m’a dit : « Et ta cravate, gamin ». (Il me connaissait bien, j’avais été son élève en CM2), car de cravate je n’en avais pas.
Quand j’ai quitté l’école Robert Lancelot en 1998, je me suis bien gardé de dire « avant ».
John Jussy