Lorsqu’il est mobilisé en 1914, cet artiste né à Pau, connaît déjà, à 35 ans, une certaine notoriété. Il a créé en 1907, un peu avant l’heure, un personnage de dessin animé « Caddetou », paysan béarnais à la fois roublard et naïf. Nez busqué, menton en galoche, béret vissé sur la tête, c’est l’image d’un rural traditionnel.
Sergent au 270ème R.I., il évoquera la vie au front en peignant des aquarelles et en réalisant une série de cartes postales. Dans la préface de l’ouvrage qui les reproduit on souligne « la précision, le trait de pinceau, la richesse de la palette colorée ».
Pour ma part, émerveillé par les aquarelles de Mathurin Méheut publiées dans le numéro 66 de notre revue, je trouve celles-ci agréables mais quelque peu « plates » et naïves. Mais il n’en reste pas moins que l’artiste traduit avec beaucoup de sensibilité des scènes de vie quotidienne au quartier Valmy où la troupe est au repos avant de partir sur Verdun. Les lieux, le manège en particulier, sont transcrits avec exactitude et il se dégage des aquarelles un univers fait de calme et de solidarité.
Ernest sortira indemne du conflit. Il reprend son activité principale : il est sculpteur formé aux côté d’Auguste Rodin. La fin de cette hécatombe lui fournira une quinzaine de monuments aux morts, pour la plupart d’inspiration pacifiste dans la région de Dax.
Il a également participé aux décors intérieurs de l’église Saint-Joseph de Pau construite en 1930. Il décède en 1957 à 78 ans, entouré de la considération des habitants de son beau pays béarnais. Le collège de Jurançon (un fameux cru de vin blanc) en périphérie de Pau porte son nom.
François Duboisy
« Avec l’autorisation des ayants droit de Ernest Gabard »