Glacière : aujourd’hui ce nom évoque un objet si utile aux campeurs ou aux pique-niqueurs. Et pourtant ce nom était au début du XXème siècle celui d’une construction où l’on stockait la glace.
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Le froid ! très utile pour conserver les aliments. Le plus simple était d’utiliser le froid naturel, celui des caves, avec une température de 8 à 13°. Nombreuses sont les maisons de la ville à posséder des caves ; si l’Hôtel de ville, construit sur pilotis, n’en a pas, le musée, par exemple, en possède deux magnifiques.
On dit que les Romains, grands amateurs de boissons fraîches,,
stockaient dans des caves et dans des puits spéciaux spécialement aménagés, la neige des Appenins transportée de nuit dans des chariots recouverts de paille. C’est à l’origine de ce qui sera les glacières.
Les glacières furent à une époque un moyen presque facile de se procurer de la glace, et donc du froid. Il y avait des glacières à Menou, il en reste encore une, inutilisée bien sûr, et en souvenir un chemin qui monte à la butte et qui porte encore le nom de « la glacière ». Concernant ce lieu, je n’ai jamais trouvé trace d’un écrit parlant d’une glacière creusée dans la butte du Château.
Une glacière, c’était une construction en pierres,.
parfois semi-enterrée, pour stocker la glace. On en trouve encore aujourd’hui dans certains châteaux comme celui d’Ermenonville. Il y avait une « cheminée » par le haut pour déverser la glace et une ouverture par le bas pour la récupérer. On y conservait la glace produite l’hiver par dame nature. Les hommes allaient donc chercher cette glace sur les rivières et les étangs gelés, la transportaient par tombereaux, et allaient la déverser dans les glacières. Là se produisait alors le phénomène des glaciers dans les montagnes.
Chez nous, avec les côtes, il était plus facile de creuser dans la butte pour obtenir une grande cave, une glacière.
Dans les années 80, j’étais allé voir Bernard Lelièvre, qui faisait encore sa limonade, et son père Julien ; tous deux sont décédés aujourd’hui. La maison Lelièvre, située place de Guise, faisait commerce de boisson et de glace.Julien m’avait raconté qu’il était allé piocher la glace :« C’était dans les caves place de Guise, à moins de 2 mètres de haut, on remplissait les caves l’hiver ; au mois de mai on ouvrait la porte, en bas, moitié de la glace avait fondu, mais c’était pourtant dur comme du béton. On cassait la glace à la pioche, elle n’était pas comestible »
Il y avait donc une glacière place de Guise, mais où exactement ? Il y avait aussi une glacière, un peu plus loin, sur la route de Chaudefontaine, nommée depuis les « caves Robert ».
Robert Obellianne, le propriétaire de l’époque,.
m’avait fait visiter l’endroit et surtout la grande salle qu’il nommait « la cathédrale », une salle creusée dans la gaize et dont la voûte était à presque 8 mètres ; rien à voir avec les glacières de la place de Guise. C’était les deux frères Robert, des brasseurs, qui avaient acheté en 1882 un terrain et qui avaient fait creuser ces caves, dont une deviendra glacière. On allait chercher la glace dans la prairie inondée toute proche, là ou est aujourd’hui le terrain de football, ou encore à Planasse, on montait la côte Carreau et on déversait cette glace.
En 1906, l’acte de vente des caves à Guesmel de la Rozière, un négociant en vins, stipule : « un terrain de avec des caves et une glacière ». En 1902 M. Moglia achète la propriété et l’acte stipule toujours « une glacière », même si à cette époque le modernisme était arrivé et que l’on ne cassait plus la glace dans les glacières.
La glace artificielle allait arriver ; Fernand Carré, un Français né dans la Somme, avait construit dès 1860 le premier appareil permettant de fabriquer de la glace et avait présenté en 1862 à Londres une machine pouvant fabriquer de la glace en continu. Ce sont les navires qui ont profité de ces machines à glace et en 1876, le Paraguay fut le premier appareil équipé.
Puis en 1876 le premier réfrigérateur digne de ce nom était fabriqué par l’ingénieur allemand Carl Vin Linde pour équiper les brasseries. Bon nombre d’ingénieurs travaillaient alors sur ces appareils ; en 1916 le premier réfrigérateur électrique domestique, nommé le « Domerle » est fabriqué à Chicago. Quant au « frigidaire » qui donnera son nom commun à l’appareil, le « frigo »
Restait au progrès à se propager jusque dans nos campagnes.
- Dans le prochain numéro : la glace à Menou.